Depuis plusieurs années, le Printemps des Poètes, structure nationale qui assure la promotion et la diffusion de la poésie, a initié l’opération «Une rue, un poète». Il s’agit d’appeler un lieu public du nom d’un poète. Le Coglais s’est engagé largement dans cette démarche. Au fil des années, Paul Eluard, Louis Aragon, René Char, Fadhma Amrouche, Julien Cracq ont rehaussé de leurs noms des lieux publics.
«A la colombe
II ne dira rien.
Elle irait aussi bien
Le rapporter
II ne sait où.»
Cuillevic
«De son bec un oiseau
Evide l’arbre qui ne tremble
D’aucun frisson sauf en ses branches…»
Herri-Gwilherm Kérourédan
«Mes mots. Mes mots évaporés aux lèvres des nuages.
Mes mots, buée de langage, je ne suis qu’embrun d’aile…»
Jacques Lacarrière
Louis DUBREIL, Conseiller Général, Maire de St Brice en Coglès,
Jean MALAPERT, Président de Coglais Marches de Bretagne,
Bernard SERRAND, Vice-Président de Coglais Marches de Bretagne, Maire-adjoint de St Brice en Coglès,
Marie-France MORIEUX, Principale du Collège Angèle Vannier.
Serge BOUVIER, Président du Pôle Artistique et Culturel du Collège Angèle Vannier,
Inauguration des rues GU1LLEVIC, Herri-Gwilherm KÉROURÉDAN
et du square Jacques LACARRIÈRE,
dans le cadre du «Printemps du Coglais»
en présence d’Edmond HERVE, Sénateur.
Le samedi 2 avril 2011 à 17h30
Serge Bouvier au square Jacque Lacarrière
Dans la Forêt des Songes
de Jacques Lacarrière adapté & interprété par Michel Boizot
Proposé par Marianne Auricoste dans le cadre de l’atelier d’expression « Jeux de parole et d’écriture »
Le 27 Mars 2011 à 19h00
Centre Culturel de Méréville
Soirée Littérature et Musique
Odysséas Elytis, Georges Séféris, Yannis Ritsos, Sikélianos, Titos Patrikios, Catherina Angélika-Rouk, Aris Alexandrou, Dimitris Kraniotis, Christodoulou.
En mots et en musique par Sylvia Lipa-Lacarrière, Fançoise Huart et Nicolas Syros (bouzouki)
avec une présentation de « A l’orée du pays fertile » (Seghers, 2011)
Recueil de poésies complètes de Jacques Lacarrière
« Il n’est de manque véritable que le vide d’un monde privé de poésie. »
Dans cette anthologie qu’il avait lui-même composée, Jacques Lacarrière nous livre plus de cinquante ans de voyage dans l’intimité de sa poésie, une poésie nourrie de paysages, de rencontres et de mythes.
A la Maison Jules Roy à Vezelay
Vendredi 1er avril 2011, à 18 h 30, entrée libre
Rencontre à l’Ecume des Pages
Mardi 5 avril à partir de 19 heures
174 bld Saint-Germain 75006 Paris
L’Ecume des pages
La plus belle aventure du monde
L’aventure cistercienne et son rayonnement
Postface de Edith de La Héronnière
Aux éditions Isolato
A L’Orée du Pays Fertile
Poésies complètes.
Aux éditions Seghers
Même parti très loin, je ne sais
Quel est le plus réel, de ma mémoire ou de mes routes
Quel est le vent qui pousse ce bateau
Quelle est la mer qui pousse ces oiseaux
Je suis arrivé près de lagunes ocrées
?Où la patience des sauriens ruminait
?Le long enfantement de l’homme
Ainsi de toi, lointaine, jusqu’à moi
Ta main est ce serpent lacustre dont le sommeil
M’attend au bout des mémoires du monde
Cappadoce, La vallée des fées
Portfolio avec textes et photos de Jacques Lacarrière
A l’occasion du vernissage de l’exposition annuelle des Kilims ADA qui se déroulera du 26 février au 27 mars, Chemins faisant présente le jeudi 3 mars à partir de 19 heures, le portfolio Cappadoce, La Vallée des fées
Textes et photos de Jacques Lacarrière, introduction de Gil Jouanard.
Kilims ADA vous invite à déguster les traditionnels meze arrosés du non moins traditionnel raki au son de la musique tzigane du Trio Jasko Ramic, accompagné de Mahmout Démir.
Cloître des Billettes
24 rue des Archives
75004 Paris
Métro Hôtel de Ville
Anthologie poétique personnelle Parution à l’occasion de la 13e édition du Printemps des poètes (7 au 21 mars 2011) « Il n’est de manque véritable que le vide d’un monde privé de poésie. » Dans cette anthologie qu’il avait lui-même composée, Jacques Lacarrière nous livre plus de cinquante ans de voyage dans l’intimité de sa poésie, une poésie nourrie de paysages, de rencontres et de mythes. « Être, à chaque mot, contemporain du premier homme : Adam des mots » : telle aurait pu être la devise de celui qui partagea sa vie entre son amour de l’écriture et sa passion des civilisations anciennes. Plus célèbre pour ses romans et ses récits de voyages, il a toutefois eu un véritable parcours poétique, plus discret mais issu de rencontres déterminantes, parmi lesquelles le surréalisme avec André Breton, la négritude avec Aimé Césaire, les grands classiques de la Grèce antique, avec la traduction de Sophocle ou d’Hérodote ou la peinture de Giorgio de Chirico. S’ajoute à cette liste celle des voyages, des traversées : Patmos, l’archipel des Cyclades, le Mont Athos, mais aussi la France, entre campagne et ville. Celui qui chemine au creux de cette anthologie le comprend aussitôt : le tempérament nomade de son auteur imprime à cette poésie le caractère de l’éphémère, du fugitif. Les figures mythologiques, qu’elles soient argonautes, centaures, néréides ou gorgones, affluent sous la bannière de l’Immémorial Orphée – figure éternelle du poète. La contemplation des paysages, qui offre au langage ses états singuliers, cède devant le récit épique des batailles de l’Aurige, ce conducteur de char dont on retrouva la statue à Delphes. Le cri d’Icare tombant dans la mer résonne comme le cri originel de tout être humain. Cette poésie se situe entre un monde de nature et un monde par-delà la nature, empreint de mythe. De chaque mot, de chaque image, se dégage une sagesse infinie, loin de la contingence des époques, légère comme le nuage et solide comme le minéral. Car les éléments – eau, vent, feu, terre – sont partout présents, seules forces à l’épreuve du temps. Ces poèmes apparaissent donc, selon les termes de l’auteur lui-même, « bucoliques, agraires, forestiers, telluriques, aériens, nébuleux ou céréaliers. » Ils font parvenir jusqu’à nous la voix tout à fait singulière d’un bel esprit, généreux et contemplatif.
Paris, Seghers Laffont, 2011
EXTRAITS
Abécédaire de la terre
Annonciatrice des aubes et des astres Berceau de nos balbutiements Colombier des humaines colombes Donatrices des délectations Écrin de nos enchantements Florilèges des floraisons Géante où gazouille le monde Héroïne de l’histoire des herbes Infante de l’immensité Jardinière des joies et des jours Kermesse des kobolds Légendaire des loups et des lions Matrice et mémoire du monde Nourrice des nids et des nues Plénitude des pastoureaux Quintessence des autres éléments Royaume de toute renaissance Semeuse de savoirs et de saveurs Trésors où s’enrichit le Temps Unisson de tous les univers Ventre et veilleuse des victoires la Terre
Écrit en mer Égée, entre Ios et Siphnos
Au plus près de la “mer écumeuse“ d’Homère, au plus près de cette vérité bleue qui tremble à l’heure du poème, au plus près de la vague offerte en chacun de ses creux, au plus près du fragile avenir de l’écume, au plus près de l’oiseau à la croisée des vents, au plus près du rivage où veille une chapelle j’ai regardé les îles, grenades émiettées aux noces de la mer, j’ai perçu leur cri de chaux vive et de sel, humé leurs icônes d’odeur et les bouquets séchés de leur lumière. Ici le filet du pêcheur dialogue chaque jour avec la liberté des vagues, chaque jour le soleil recommence les jeux savants des mouettes et de l’azur, et ici, chaque jour, à mi-chemin des ombres et du réel corps éployé dans la légende, vient rêver une néréide.
Portrait d’un hirsute Un profil de ménagère et une sensibilité d’obélisque, il n’en fallait pas plus pour qu’il devient impossible à vivre. Il avait été ramoneur puis professeur au Muséum d’histoire naturelle. Il y avait acquis cette habitude déplorable de se croire une géologie en marche. Aussi ne bougeait-il jamais. Il ne se lavait jamais non plus. Il est mort un jour, d’érosion. 1949
Même parti très loin, je ne sais Quel est le plus réel, de ma mémoire ou de mes routes Quel est le vent qui pousse ce bateau, Quelle est la mer qui pousse ces oiseaux. Je suis arrivé près de lagunes ocrées Où la patience des sauriens ruminait Le long enfantement de l’homme. Ainsi de toi, lointaine, jusqu’à moi : Ta main est ce serpent lacustre dont le sommeil M’attend au bout des mémoires du monde. 1950
Incertitudes Je ne sais pas pourquoi le Zodiaque est si haut Ni pourquoi les nuages sans cesse recommencent Pourquoi l’éclair ne dure, pourquoi les soleils meurent Je ne sais pas pourquoi le vent est sans mémoire. Mille ans suffiraient-ils pour pouvoir épuiser La raison d’un seul jour Et mille autres pour enfin déchiffrer les runes inviolées de la nuit ? Demeure, malgré tout, la fidélité du printemps, Demeurent l’élévation et la ponctualité des sèves Demeurent au loin les milles chuchotis de la mer Demeure à mes oreilles le chant muet des coquillages. Je ne sais pas pourquoi le vent est sans mémoire Je ne sais pas pourquoi les taupes sont aveugles Je ne sais pas pourquoi les saules se lamentent Je ne sais pas pourquoi l’herbe n’a pas d’histoire. Mille ans suffiraient-ils pour nous faire découvrir le pacte des herbes et du vent Et mille autres pour élucider l’œil irisé des libellules ? Demeure, inexorables, le foisonnement des fourmis Demeure, inégalée, la diligence des abeilles Demeure, inexpliqué, le mutisme des cicindèles, Demeure, indiscuté, le verbiage des Kinkajous. Je ne sais pas pourquoi le vent est sans mémoire Je ne sais pas pourquoi la foudre devient cendre Je ne sais pas pourquoi l’oiseau n’a que deux ailes Je ne sais pas pourquoi la rose est sans pourquoi.
Octobre au bord des flammes Antiphonaires des saisons, les vêpres tombent sur la ville avec un bruit de voix mouillées. Là-bas, ce répons d’âmes cette cantilène des nuages et le cri de l’ange là-haut déroulant la grande nappe des prières sur l’incendie, sur l’agonie de la lumière. 1950
Cyclades Ici, le temps se mesure au comptant, au content du soleil. C’est pourquoi chaque coupole, chaque chapelle filtrent les flèches du zénith, clepsydres des lumières. Ruelles des Cyclades : lignes de partage du jour et de la nuit sur le crêt de l’Immaculé comme une eau ruisselant vers le levant ou le ponant des songes. Arêtes vives comme le tranchant d’un glaive entre fini et infini. Comme l’épée de l’Ange entre innocence et faute. Arêtes vives comme une frontière rectiligne, embrasée, parallèle à notre destin. En ces jeux de lumière et d’ombres cycladiques, en ce damier austère, on retrouve la trace des vieilles géométries qu’Euclide, Thalès et Pythagore ont tour à tour inscrites dans le blanc du ciel grec. Épures de midi. Lignes, droites, angles, arêtes, trigones et triangles du ciel que le soleil docile reproduit sur le cadran des îles. C’est là, juste à la bissectrice des solstices que son tranchant sépare la Mémoire. Et il met d’un côté les grands cyprès orphiques, de l’autre le marbre euclidien du zénith. J’ai regardé les îles, grenades émiettées aux noces de la mer, j’ai perçu leur cri de chaux vive et de sel, humé leurs icônes d’odeur et les bouquets séchés de la lumière. Là, juste là, cette arche d’ombre fichée sur l’épingle embrasée du soleil. Il y a dans la tradition mystique de la Grèce un mot qui désigne les ascètes les plus ardents, les plus acharnés à demeurer dans le désert aux franges des brûlures, et ce mot, c’est nepsis qui veut dire sobriété. On nomme précisément neptiques les ermites les plus extrêmes en leur ascèse. Ivresse neptique du mur Egéen, fou de soleil, éperdu de lumière. Ivresse neptique des voiles cycladiques sur l’écume. Car il n’est autre ivresse que celle de l’homme sobre devant l’arête immaculée de ses désirs. Neptiques sont ces murs, ces terrasses, ces coupoles, ces marches étincelantes, dénudées de lumière. Neptiques puisqu’un peu de chaux leur suffit pour affronter l’infini bleu du ciel. Lumière janséniste de la chaux, ombres dionysiaques, couleurs avivant les seuils, les portes, les fenêtres. Des unes aux autres, vent dorien et soleil ionien, le contraste d’un isthme infime. Où la mémoire a su nimber d’ocelles le derme écru des murs. Au cadran solaire des escales, les mâts sont aiguilles des vents, les coques alcôves des tempêtes. Mais là, souviens-t’en bien, en ce port calme et bleu, juste après le réveil des gorgones et des proues, tu vis pour la première fois bouger l’ombre des heures. 1980
Yggdrasil * Je suis né d’un songe de la terre rêvant qu’elle s’unissait au ciel. J’ai grandi dans l’ombre inquiète de racines toujours assoiffées d’obscur. Et j’ai fleuri dans l’allégresse de la sève et l’offertoire des frondaisons. Je suis l’axe du monde, vivant défi des temps carbonifères. L’alliance de l’ombre et de l’éclair, le tremplin des orages, l’esprit des sources et des souffles. Je suis le sommeil et l’éveil, le silence et la symphonie. Je suis l’oratoire des astres, et mes feuillages s’impatientent des apocalypses à venir. J’abrite en mes branches l’aspic et l’alouette, l’ogre et l’océanide, le singe et la sylphide, le ver et la vestale. J’abrite l’hier des fauves, les présent des oiseaux et le demain des hommes. J’abrite le nid des anges et les couvées du ciel. Je suis l’axe du monde.
Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre. Il abritait en ses racines les divinités du destin, en ses branches toute l’humanité et en son sommeil le palais des dieux.
Auxerre, Bibliothèque Jacques Lacarrière Samedi 18 septembre 2010 de 10h30 à 18h
A 10h30, Le Singe bleu Conte de Jacques Lacarrière, raconté par Guilène Ferré, accompagnée de Nicolas Syros, bouzouki. Il y a des milliers et des milliers d’années que l’histoire du singe bleu est arrivée et depuis, il n’y a plus de singe bleu sur terre. Mais on peut voir le singe bleu, immobile et penché vers les fleurs qu’il convoite sur une grande fresque à Cnossos, en Crète. Et c’est son histoire que vous allez découvrir. Le singe bleu est malheureux. Les autres singes ne le laissent jamais en paix. Ils se moquent de lui, de sa couleur, le bousculent. Seul, forcé de se taire, il rêve d’un pays où tous les singes seraient bleus… Une telle contrée existe-t-elle ? Avec les mots de Jacques Lacarrière et les mélodies grecques de Nicolas Syros, Guilène Ferré vous emmène à la recherche de ce pays extraordinaire… Pour les enfants à partir de 6 ans, Pour les grands gardant leur âme d’enfant !
A 15 heures, Méditerranées Présentation en paroles et musiques du « Cahiers Jacques Lacarrière 2 Méditerranées » Des Méditerranées contées par Jacques Lacarrière et 31 écrivains, poètes ou voyageurs Présentation de Gil Jouanard avec les présences des auteurs du « Cahier », Leïla sebbar, (sous réserve), Jeannine Baude, Françoise Huart, Jean Guiloineau, Nedim Gürsel (sous réserve), Alain Joxe, Philippe Lemonnier, Christine Buci-Glucksmann. Musique Nicolas Syros, lectures Françoise Duvernier, Catherine Ferran, Françoise Huart, Sylvia Lipa-Lacarrière, Martine Erhel et les auteurs présents..
A la Bibliothèque Jacques Lacarrière
Bibliothèque Municipale rue d’Ardilière 89000 AUXERRE
Présentation du Cahier Méditerranées de l’association des amis de Jacques Lacarrière Chemins faisant
A L’Espace Krajcberg, Musée du Montparnasse, 21 avenue du Maine 75015 Paris mardi 16 novembre 2010 à partir de18h30. En présence de quelques auteurs des Cahiers et des membres de l’association
Extraits du programme de la soirée :
Tahar Bekri présente trois poètes palestiniens et nous dit son poème paru dans le « Cahier Jacques Lacarrière 2 » Méditerranées
Ghassan Zaqtan Oreiller
Est-il encore temps pour lui dire : Mère, bonsoir Je suis revenu avec une balle au cœur Voici mon oreiller Je veux me reposer Si la guerre frappe chez nous Dis-leur : il se repose
Ghassan Zaqtane, poète, romancier, dramaturge né en 1954 à Beit Jala, près de Bethleem, en Palestine. Diplômé d’éducation physique, il a enseigné dans différents camps de réfugiés. Rentré d’exil en 2004, il fonde et dirige en Cisjordanie des revues et des pages littéraires. Travaille aujourd’hui au Ministère de la culture. Livres traduits : Suppléments au passé, CIPMarseille, 2009 ; Comme un rêve à midi, Ed. bilingue, Al Manar, Paris, 2010.
Tarek Al Karmy
Un poste de télévision, une pièce et une guerre
Il ne reste qu’une pièce d’un foyer à l’origine Elle devint foyer d’une pièce L’enfant Oussama s’assoit le soir dans le camp avec ses cinq frères en attendant les dessins animés Mais le poste de télévision apporte le journal d’informations de vingt heures La guerre se déroule à la télévision Des vues de raids secouent le poste Jusqu’à le traverser de l’intérieur Les enfants sortent en manifestant dans la pièce sous le ciel Les enfants ne veulent rien d’autre Qu’un poste de télévision sans journal d’informations
Tarek Al Karmy, poète né en 1975 à Tour Karem, en Palestine. A publié 11 recueils de poésie. Travaille comme animateur dans une radio locale et professeur de flûte en Palestine. Parmi ses recueils : Madraj Aththawr ( La piste du taureau ) , Dhoha al wahid ( Matinée du solitaire ), Ayn al a’ma al jamil ( L’œil du bel aveugle)
Bassem Al Nabrice
Une nuit comme celle-ci
Maintenant Qu’elle dort, autour de toi l’obscurité La nuit est toute à toi Toute – Avec ses fantômes Son silence cramoisi Et ses fruits interdits Depuis deux années tu espérais Une nuit comme celle-ci Une nuit profonde comme un gouffre dans le désert Une nuit dans le silence duquel remue Parfois le faufil d’un lézard Et parfois le cri d’un coq au loin Ou le frémissement d’un roseau tout près Et rien de plus Rien de plus Une nuit de brouillard et de pénombre Une nuit de matière primitive et de murmures Une nuit de roseau et de métaphysique Une nuit de peine d’eau et d’âme attentive Maintenant qu’elle dort autour de toi l’obscurité La ville dort Les pilotes de l’armée israéliennes dorment Maintenant : C’est bien que tu penses à l’écriture Que tu médites Que tu lises Qui sait ? Peut-être attendras-tu deux autres années Afin de jouir d’une nuit comme celle-ci Une nuit comme un gouffre dans le désert Une nuit dans le silence duquel remue Parfois le faufil d’un lézard Et parfois le cri d’un coq au loin Ou le frémissement d’un roseau tout près Et rien de plus Rien de plus
Bassem Al Nabrice est né en 1960 à Khan Younes en Palestine. Poète et journaliste. A fait des études supérieures au Caire. Vit à Gaza. A publié « Méditations du jeune vagabond » 1990, « Journal de la guerre contre Gaza », Ed. Tawbad, Tunis. 2009. ( en arabe)
Je te nomme Tunisie
J’entendais ta voix au lever du jour Comme une aube écarlate Accouchée dans les ténèbres Le retour des années Sur elles-mêmes Berçant le flux et le reflux Au bord de la mer Pleine et vide Je ravivais ta lumière Où je baignais mon visage Pour dissiper les injustes frontières Par-delà les brumes Par-delà les songes escarpés Sur les récifs inondés Ton appel me sauvait des naufrages Je ramassais tes coquillages Un à un comme des rêves abandonnés Le long des rives sauvages Par les soirs où s’évadait l’écume Légère et lourde de tant de remous Cette berceuse défiant la houle Dans le rougeoiement du souvenir Feu et flamme Diras-tu au soleil de ne pas se coucher A l’horizon Plus la nuit est longue Plus le réveil manque d’éveil Te ramenait à moi Jaillie des terres difficiles Oliveraie à perte de vue Née entre les envols des huppes affolées Et les va-et-vient des cueilleurs diligents Les flûtes te disant ma transhumance Jamais estompée de la fêlure Peu importe si la meule écrasait Mes noyaux Je remplissais toutes ces jarres De ton or Les étourneaux nourris de mes chants A l’ombre des solitudes fécondes Toutes ces ailes déployées à l’air libre Pour dire ton nom
Tahar BEKRI (extraits) inédits
Le Gué de la Vache de Gil Jouanard
Tout porte à rêver autant qu’à s’interroger quand on se tient assis quelque part entre la pointe de Topkapi Sarail et celle de l’ancienne Pera, aujourd’hui dénommée Beyoglu. L’origine même du Bosphore qui, au pied de l’une ou l’autre falaise, se donne des allures de Seine à Paris ou de Danube à Budapest, à ceci près que lui dispose d’une envergure amazonienne, est une énigme. Son nom lui-même, à coup sûr d’origine grecque, peut en effet désigner le « resserrement » qui affecte son cours et en a toujours facilité le franchissement. Mais, à ce sens très ordinaire, on a depuis longtemps préféré celui que suggère l’excitante étymologie fondée sur le principe du qu’en-dira-t-on mythologique. Le Bosphore serait donc le « Gué », phoros, de la Vache, bous. C’est là qu’en effet, selon la légende, la joli nymphe Io, aimée de Zeus qui la changea en génisse afin de la soustraire à l’ire de la vindicative Héra, son épouse trompée, traversa à la nage le courant pour, fuyant les rivages anatoliens, c’est-à-dire asiatiques, s’enfuir à la vitesse de ses sabots vers l’hypothétique refuge européen. On sait, hélas, sinon on l’apprendra ici par ma voix, que, jamais à court d’une rouerie, la céleste et acariâtre taulière du Mont Olympe lança contre la pauvre bête (qui devait avoir les beaux yeux de sa cousine égyptienne Apis, lesquels yeux sont au demeurant semblables à ceux des belles vaches rousses d’Aubrac) un taon, non pas celui qui en allemand se die die Zeit, ainsi que nous l’apprit le philologue souabe Martin Heidegger, mais celui qui bourdonne dans les tons graves et n’hésite pas à vous piquer d’un dard de bretteur alexandro-dumassien, et qui devrait se dire ta-on, si la phonétique du français n’était aussi extravagante. Symbolique, ce franchissement du détroit, qui fut un isthme en des temps que l’on dit avec pertinence géologiques, même s’il reste confiné dans la mémoire de ces proto-Marseillais, dignes de Raimu et de Fernandel, que furent les Achéens et plus encore les Ioniens, pourrait bien prendre en charge quelque vérité sous-jacente dont la portée anthropologique et, partant, historique, ne manquerait pas de sel (bien entendu marin, le Bosphore transportant en des va-et-vient incessants le sodium égéo-marmoréen dans un sens, négro-maritime dans l’autre). Ainsi se verraient attestés, sous couvert de légende romanesque, le passage de toutes les bonnes choses made in Asia à compter du VIIIe millénaire avant Ponce Pilate (citons pour mémoire et en vrac : l’élevage du mouton, la culture des céréales, les cités et les monuments suméro-akkadiens, l’écriture sur cette même argile dont se servit Jehova, arrière-petit fils d’Enlil, de Mardouk et de Baal, pour créer l’homme très antérieurement aux faits évoqués dans cet exposé). Bref, Io serait ni plus ni moins qu’un principe : celui de la civilisation en marche, d’abord sur un rythme syncopé de sirtaki mâtiné de danse du ventre, puis sur celui du pas de l’oie indo-européen. Et voyez comme sont les choses. Quel projet vient-il donc titiller les lobes cognitifs du cerveau sapiens-sapiens de Jason, the valliant king of Argos’s son ? Rien moins que, remontant le Bosphore impassible, pris pour cible d’un côté par les Phrygiens, les Lydiens et les Lyciens criards, de l’autre par les Thraces post illyriens et proto-daces hâbleurs, la Toison d’Or, simple vue de l’esprit désignant cette trouvaille caucasienne hors de prix et vouée à un destin fulgurant : le métal, auquel ces Argonautes croyaient, en précurseurs, dur comme fer. Eux donc, galéjeurs vaguement mycéniens ou peu s’en faut, n’avaient en main que cette dague de bronze qui cassait au moindre choc, ou pis encore car franchement ridicule, celle qui l’avait précédée dans la technologie chalcolithique, faite de ce cuivre qui se tordait dès lors qu’on s’avisait d’en asséner un coup furieux sur le casque à crinière en brosse du premier hoplite venu. Bref, ce long détour nous l’aura fait comprendre : le Bosphore, qui sert de charnière liquide aux deux vieux continents (dont celui d’Europe n’est, pour dire les choses crument, qu’une péninsule riquiqui de l’autre), et qui favorisa, depuis toujours, depuis le premier groupuscule de Sapiens-Sapiens égarés loin de la savane originelle jusqu’aux éleveurs-agriculteurs du Néolithique, l’ensemencement de la vierge Europe par les gamètes mâles de la créativité orientale. Et si la Méditerranée commence bel et bien au pont de Galata (sous lequel coule le Bogaziçi alias Bosphorus, ainsi que mes amours), si elle y a sa source, ce n’est pas pour des prunes, sauf si celles-ci servent à distiller quelque slivovice ou tsvika, ambroisie digne de l’Olympe et titrant entre quarante cinq et quatre-vingt dix degrés d’alcool aussi contondant que le furent les épées des sauvages caucasiens qui firent autrefois du gué leur pataugeoire et de la vache du steak tartare, revu à la mode seldjoukide puis ottomane, avec un zeste de yaourt bulgare. Si vous voulez en savoir plus, et si vous êtes de bonne compagnie, Je vous emmènerai dans mon joli bateau ; voguer au fil de l’eau, il n’est rien de plus beau, ainsi que chantait, dans les année 30, le suave Jo Lumière, qui portait bien son nom. Avec lui et sa voix, même l’hiératique et mégère Héra eût fondu et se fût transformée en attentionnée vachère. Et, comme l’aurait dit Alexandre Vialatte, longtemps résident de l’arrondissement d’à côté, le XIIIe, et qui s’y connaissait en beaucoup de matières, c’est ainsi qu’Allah est grand !
Dans la Forêt des Songes Episodes 1 & 2 Par Michel Boizot Au festival Off d’Avignon SALLE ROQUILLE 3, rue Roquille – AVIGNON
» Un moment de grâce du festival off, Avignon 2009 » Le Point, 16/07/09 » Jamais Jacques Lacarrière n’a inventé une fable aussi libre, aussi baroque et joyeuse que celle-ci; il n’a jamais écrit un ouvrage aussi malicieux, aussi taquin, aussi fantasque soumettant son érudition à la loi de la légéreté et de la drôlerie « Gilles Lapouge Le Magazine Littéraire
à 19h du 8 au 31 juillet 2010 Réservation : 04 90 16 09 27