Cycle 2010 « Réflexion sur la crise de l’environnement »
Célébrer le lien de l’Homme à la Nature
en hommage à Jacques Lacarrière, écrivain-voyageur
Le Mardi 9 février 2010 à 19h30
Au Musée du Montparnasse
21, avenue du Maine – Paris 15ème
Métro Montparnasse /sortie 2
(Même adresse que l’Espace Krajcberg)
Entrée libre
Dans « Chemin faisant, mille kilomètres à pied à travers la France d’aujourd’hui », Jacques Lacarrière écrivait en 1974 :« Je ne souhaite rien d’autre, par ce livre, que redonner à son lecteur le goût des herbes et des chemins, le besoin de musarder dans l’imprévu, de retrouver ses racines dans le grand message des horizons ».
Après une présentation de Gil Jouanard, nous musarderons poétiquement dans l’imprévu des herbes et des chemins… Avec les mots de Jacques Lacarrière dits par Sylvia Lipa-Lacarrière et ses amis, accompagnés de la musique du « Son des choses » de Yuko Hirota.
A lire : Chantal Delacotte pour le site web d’Alessandra Buronzo
« Réflexion sur la crise de l’environnement » – Comment mieux habiter le monde ?
Cycle 2010 « Réflexion sur la crise de l’environnement »
Musée du Montparnasse/Espace Krajcberg « Être veilleur de diversité »
Synthèse de la soirée du 9 février 2010
« Célébrer le lien de l’homme à la nature en hommage à Jacques Lacarrière, écrivain-voyageur »
Une clairière nous accueille, au cœur de la forêt des « bois brûlés » de Frans Krajcberg. De là, nous cheminons en compagnie de Jacques Lacarrière, à la découverte ou à la redécouverte de son œuvre. « Chemin faisant », Jacques Lacarrière nous accompagne : la vidéo rend présentes sa silhouette, ses intonations, sa philosophie de vie ; une philosophie qu’exprime aussi Gil Jouanard, évoquant la géographie amoureuse de l’ami Jacques, son lien intime à la nature. Et la voix de Sylvia Lacarrière offre ses textes ciselés en dialogue avec le « son des choses », l’inattendu des improvisations sonores de Yuko Hirota.
Les variations du « petit lexique des eaux campagnes et forêts » – tel le « C de Clairière », « clair Hier de la forêt, lorsque les arbres n’y sont plus »… – nous rappellent l’humour de Jacques Lacarrière et son écriture qui, toujours, a célébré les trois règnes et les quatre éléments. « Au début du monde » l’Eau apparut dont « les mouvements, tremblements, turbulences, sont les ultimes frissonnements, la mémoire mourante de la première Parole, celle qui donne à l’Eau son nom, sa vie, sa forme. Car étant nommée, elle devint animée (1)».
L’Eau est mère des Fleuves et « le vaste monde, seuls les fleuves peuvent vous l’apprendre sur la terre et, dans le ciel, les oiseaux migrateurs. Les fleuves sont des eaux migratrices, messagères de l’universel (2) ». Une eau qui devient nuages…« Être nuage. S’alléger de ce qui est trop lourd en soi …Alors tout deviendra possible, y compris de se fondre en l’oratoire des vents, de se glisser en silence aux cloîtres du couchant (3) ». L’Eau est aussi Océan profond où l’on rencontre « des monstres inconnus…l’Inespérée et l’Inimaginable…l’Ogresse des eaux profondes, la Princesse des lueurs aux yeux nimbés de sept opales, la Louve des mers au diadème, immense calmar des profondeurs au rostre constellé comme une Pléiade engloutie… (4) »
Sur terre règne l’océan des herbes « ce qu’il y a de plus banal… pendant des millions d’années la nourriture des herbivores. Elle fut- elle est toujours – la rumination du monde. Herbivores, carnivores, ruminants, digérants, nomades, sédentaires, nous sommes tous des enfants de l’herbe (5) »… Enfants de l’herbe, nous rendons hommage à Jacques Lacarrière en nommant, tour à tour, une de ces herbes qui défilent en litanie poétique – « herbe à la Vierge, herbe bénie, herbe à l’Hirondelle… » – ou en cohorte drolatique – « herbe aux teigneux, herbe aux mites, aux femmes battues ou aux hémorroïdes… ». Sur terre, règnent aussi les arbres : « Les arbres jadis furent nos parents. Ils sont aujourd’hui nos enfants. Nous dépendîmes d’eux. Aujourd’hui ce sont eux qui dépendent de nous. Nous leur devons attention et assistance. Ils ne sont pas seulement nos enfants, notre avenir de verdure. Ils sont aussi les stables et fidèles compagnons de toute notre aventure terrestre…Ils sont aussi, je l’avais oublié, un oratoire, un offertoire de lumière (6) ». Nous n’oublions pas les pierres. Elles « …ne gisent et dorment qu’en apparence… (7) » et chacun révèle la strophe lapidaire qui, tirée au sort, l’a accompagné durant la soirée.
Gardons la souvenance que « Nous sommes gros de tous les paysages jamais vus » et que « Nous ne serons jamais seuls au monde tant que le monde entier sommeillera en nous (8) »….
(1) Errances, Christian Pirot éditeur (Petit lexique…)
(2) Lettre
(3) Un jardin pour mémoire, NIL éditions (fleuve)
(4) Poème- Le Pays sous l’écorce, Seuil (l’océan)
(5) Sourates, Fayard (l’herbe)
(6) Dictionnaire amoureux de la mythologie, Plon (l’arbre)
(7) Lapidaire, Fata Morgana
(8) Un jardin pour mémoire, Nil