Dans la forêt des songes Paris 2008

Episode premier, par Michel Boizot d’après le roman de Jacques Lacarrière.

Au théâtre de l’île Saint-Louis les 17 et 19 décembre 2008 à 18h30

Episode premier, par Michel Boizot d’après le roman de Jacques Lacarrière.
Au théâtre de l’île Saint-Louis les 17 et 19 décembre 2008 à 18h30

Jamais Jacques Lacarrière
n’a inventé une fable aussi libre,
aussi baroque et joyeuse que celle ci;
Il n’a jamais écrit un ouvrage aussi malicieux,
aussi taquin,
aussi fantastique,
soumettant son érudition
à la loi de la légéreté et de la drôlerie.

Théâtre de l’île Saint-Louis
39, quai d’Anjou
Paris 4e
Tarif normal: 15€
Tarif réduit: 10€
Réservations: 01 46 33 48 65

Théâtre de l’île Saint-Louis

Exposition Musée Bénaki d’Athènes

Musée Bénaki-Piréos du 4 décembre 2008 au 6 janvier 2009

Ecrivain voyageur, Jacques Lacarière est l’un des observateurs les plus attentifs de la Grèce, qui lui a inspiré de nombreux livres et récits de voyage.

Son oeuvre photographique est abordée ici à travers une redécouverte de l’exposition crée le 17 février 1999 par la Galerie du Château d’eau de Toulouse. Les tirages argentiques sont réalisés par Patrick Dagras et la monographie conçue par Michel Dieuzaide.

En complément de la présentation des oeuvres une interview de l’auteur réalisée par la télévision régionale de Toulouse à l’occasion du vernissage de l’exposition est proposée.

« Ces photos datent du temps de mes premiers éblouissements avec le soleil grec. Je découvrais alors en Grèce les îles livrées à la lumière et à son double inéluctable : l’ombre. Ces lieux nus et brûlants, avec leurs arêtes vives et leurs surfaces arasées, évoquent pour moi les vieilles géométries d’Euclide et de Thalès. C’est d’ailleurs ici qu’elles sont nées, dans ce pays géométrique où le soleil joue aux mathématques avec l’ombre. Au fond je m’en aperçois aujourd’hui, ce que je voulais faire, ingénument, alors, c’était tout simplement rendre soudain visibles, sur les murs ou le sol de Grèce, les théorèmes de la lumière. »

a href= »benaki.pdf » Affiche de l’exposition

Affiche de l’exposition
Programme des spectacles

Annonce Musée Benaki Pireos :

Jacques Lacarrière et la Grèce (Grec) :

Jacques Lacarrière et la Grèce (Français) :

Le musée Bénaki à Athènes

La Gallerie du Château d’eau à Toulouse

Extrait d’une interview de Jacques Lacarrière par FR3 lors du vernissage de l’exposition originale à la galerie du Chateau d’eau à Toulouse:

Regarder l’interview

Inauguration de la Bibliothèque Jacques Lacarrière

Le samedi 20 septembre 2008 à Auxerre,  la Bibliothèque municipale d’Auxerre (conservateur Françoise Duvernier-Massicard) est devenue Bibliothèque Jacques Lacarrière en présence de Sylvia Lipa-Lacarrière qui a remis au maire d’Auxerre pour la bibliothèque le journal tenu par l’écrivain lors de sa traversée de la France et qui deviendra Chemin faisant.

A l’occasion de ce baptême une série de spectacles, d’expositions et de présentations a été organisée à partir de 10h30.

Gil Jouanard a présenté le premier numéro des Cahiers de l’association intitulé Naissances

Programme détailé

A la rencontre des Dieux Auxerre

Le samedi 17 mai 2008 à 21 heures à l’abbaye Saint-Germain à Auxerre, à l’occasion de la nuit des musées

Le Dictionnaire amoureux de la mythologie

de Jacques Lacarrière

Avec Pierrette de Fauconval, flûte et Sylvia Lipa-Lacarrière

Oeuvres de Claude Debussy, Maurice Ravel, Michel Sendrez…

Clamecy

Promenade en Grèce à Toulouse

Toulouse Samedi 24 mai 2008

– Bouzouki Nicolas Syros, avec son guitariste
– Musiques de Théodorakis et Hadzidakis
– Lecture Sylvia Lipa-Lacarrière
Textes choisis dans L’Eté grec, Chemins d’écriture,
poèmes : Icare, Aphrodite Ménologe, courts poèmes accompagnés de la musique de Hadzidakis.

Concert de rebétika
“Le Blues du Pirée”

…“C’est dans les ports et par la suite dans les tavernes, là où tout Grec se sent chez lui, que se pose la question même qui résonneau coeur de chaque rébétiko : la nuit de l’homme finira-t-elle un jour ?”

Théâtre du Grand Rond,
23 rue des Potiers,Toulouse,
samedi 24 mai à 21 heures.
Renseignements au : 05 61 62 14 85

Les vrais livres

Quelques pensées de Jacques Lacarrière oiseleur du temps

par ARTO, Atelier de Recherches Théâtrales Ouvert
Guilène Ferré
en compagnie de
Nathalie Charvy et Fanny Buttafoghi
à 20 heures, le mercredi 2 avril 2008

Foyer du Théâtre
Place des Reines de Pologne
Nevers

les vrais livres, version imprimable

Salon du Livre 2008

Retrouvez Jacques Lacarrière au Salon du Livre

Réédition du livre Le pays sous l’écorce au Seuil

« J’ai passé tout un été, tout un automne, tout un hiver sous une écorce. Avec le Loir, j’ai douté du réel et j’ai douté du rêve. Aux côtés de la Grue, j’ai connu l’énigme des vents, les émois de l’amour zénithal. J’ai appris avec le Criquet les frissons et les stridences du désert, rencontré en son antre la Reine des termites, tenu entre mes bras le corps de l’Éphémère. J’ai affronté le Ver et sa vaine immortalité, hululé avec le Hibou les phases et phrases de la nuit, congédié à l’exemple de l’Écrevisse la peau morte de mon passé, accompagné l’Anguille dans le cœur des Sargasses. Puis j’ai gagné le fond des mers et là, j’ai entrevu les gemmes de la Princesse diadémée, partagé l’ombelle commensale de la Méduse, habité l’antre orangé de l’Anémone. Et j’ai vu, j’ai surpris le coït lacustre des Tortues, joué avec le Poulpe aux jeux de l’Illusion, approché le destin des larves en compagnie de l’Axolotl, appris le mimétisme près du Caméléon, écouté les éructations du Boa. Et surtout, dans le pré de la mort imminente, j’ai perçu avec le Grillon l’espoir d’une vie sans parents, vécu devant la Mante l’horreur des noces consommées, connu l’amour enluminé du Ver luisant, épelé avec les Abeilles les verbes du soleil; Après quoi, j’ai tenté sans succès de vaincre l’amnésie des Mouches et subi, sur la toile de l’Épeire, les affres de la proie promise au sacrifice. Bref, j’ai vécu. Qui pourrait en disconvenir ? Et pourtant tout cela fut balayé, oublié en un instant quand, au soir qui suivit ma fuite de la toile, je perçus une odeur indicible et aperçus sur une fleur la splendeur d’Auréiia. Car c’est le nom qu’immédiatement je Lui donnai, le seul nom qui soit digne d’Elle, le seul aussi qui dise — et puisse me rappeler à jamais — l’image et l’imago de son corps merveilleux. Je dis bien imago, car Aurélia était la plus belle femelle du plus beau, du plus grand, du plus chatoyant papillon, le majestueux Paon de nuit. Mais tout cela eut un début curieux, bien différent de ce qui allait suivre, un début presque insignifiant et, au sens propre, terre à terre… »

Dans la forêt des songes chez Nil

La forêt d’Orient. Elle frémit déjà là-bas sous les friselis d’un vent ludique et tempéré, elle frissonne et moutonne car on ne saurait dire qu’elle s’élève, encore moins qu’elle s’élance. S’élancer, s’élever, culminer, surplomber, c’est le fait des forêts exotiques, tropicales ou sauvages, non celui des forêts crétacées et de leurs modestes feuillus. Vue de loin, avec ses rangées d’arbres sagement alignés, elle apparaît paisible et débonnaire. Oui, une forêt quiète, accueillante aux flâneurs, promise aux promeneurs mais, il faut bien le dire, sans aucun mystère apparent. Bien sûr, en choisissant cette forêt au cœur de la Champagne crayeuse, il se doutait qu’il n’y rencontrerait pas de sarigue allaitant ses petits dans les ramures d’un jacaranda, encore moins quelque tamanoir fouissant le sol sous le couvert des grands anacardiers. Ce n’était pas l’Amazonie et le croassement des corneilles à l’entour n’avait que peu à voir avec le cri des singes hurleurs quand le soleil se couche sur le Mato Grosso. Nul besoin de venir jusqu’ici pour s’en assurer ! Mais il pensait, peut-être à tort, que le mystère peut se cacher quelquefois au cœur de l’ordinaire, au sein des paysages les moins fantasques ou les moins exotiques. C’est pour cela — et aussi à la suite de rumeurs insistantes — qu’il avait choisi cette région et la forêt d’Orient Mais voilà : il ne l’imaginait pas si conforme à l’idée qu’on pouvait se faire d’une forêt tranquille et parfaite, d’une forêt modèle. Aussi hésita-t-il un temps au seuil de ses ombrages, se demandant s’il n’allait pas revenir sur ses pas, lorsqu’un splendide, énorme et rutilant ara vint se poser sur son épaule.

Les aras ne sont pas légion dans la forêt d’Orient, pas plus d’ailleurs que les autres espèces de perroquets amazoniens. Surprise, donc, et même stupéfaction que l’arrivée soudaine de ce volatile étranger et peut-être même apatride ! Il ne voyait à cette apparition que deux explications possibles : ou l’oiseau venait de s’échapper de quelque cage ou quelque enclos des environs et trouvant sur sa route une épaule vacante s’y était posé tout de go ou il ne pouvait s’agir que d’un céleste messager, envoyé ici-bas — mais par qui ou par Qui ? — à seule fin de l’épauler — et ce dans tous les sens de ce mot — sur les chemins qui l’attendaient. Un ange, en somme, mais un ange qui, pour des raisons de lui seul connues, aurait adopté vêture, parure et chamarrure amazoniennes. Pour l’heure, l’ange se trémoussait tant et plus sur l’épaule de son perchoir improvisé afin de s’y installer à son aise en veillant soigneusement à ne pas y implanter ses serres.
Après quoi, ouvrant tout grand son bec, il demanda :

— Vous avez un nom, je suppose ?

Paroles soufies

Dans son ouvrage intitulé Paroles soufies des derviches anatoliens, paru dans la collection ‘Carnets de sagesse’ chez Albin Michel, Sylvia Lipa Lacarrière nous trace un raccourci de la poésie des derviches anatoliens.

Ceux-ci, apparus au XIIIème siècle, introduisirent selon l’auteur un «chant porteur d’une spiritualité et d’une parole nouvelle» qui se greffa sur «ce rameau mystique de l’Islam qu’est le soufisme» et qui porta la marque d’un «doute fécond».

Dans son ouvrage intitulé Paroles soufies des derviches anatoliens, paru dans la collection ‘Carnets de sagesse’ chez Albin Michel, Sylvia Lipa Lacarrière nous trace un raccourci de la poésie des derviches anatoliens.

Ceux-ci, apparus au XIIIème siècle, introduisirent selon l’auteur un «chant porteur d’une spiritualité et d’une parole nouvelle» qui se greffa sur «ce rameau mystique de l’Islam qu’est le soufisme» et qui porta la marque d’un «doute fécond».

Yunus Emré fut le premier d’une longue lignée de moines et chanteurs derviches. Djalâl-ud-Dîn Rûmi, contemporain de Yunus, fonda l’ordre des derviches tourneurs et fut l’auteur de milliers d’odes lyriques en langue persane. (lire l’extrait).

Les photographies sont de Roland et Sabrina Michaud.

La Noria

Noria, pourquoi grinces-tu
Et pourquoi gémis-tu?
Je grince et je gémis d’amour pour Dieu.
Je suis noria et je suis eau souffrante
Dieu a voulu que je geigne et gémisse.
Mes ailes, mes bras sont arbre mutilé.
Chêne j’étais dans les montagnes,
Chêne tout dru vers Dieu dressé.
Mais on coupa mes branches,
On amputa mon tronc,
Et depuis je suis vielle,
Infatigable vielle
Tournée vers le poète, M’ont rabotée,
M’ont tanaisée, m’ont mortaisée
Les charpentiers.
Et depuis, par l’amour navrée,
Je geins de Vérité.
Yunus, toi qui connais la roue du monde,
Tu sais qu’aucun dessein ne trouve issue,
Que nul être humain ne demeure.
Noria navrée d’amour, je tourne,
Je grince et je geins.

Yunus Emré

L’histoire entière du monde sommeille
En chacun de nous.

Jalâl-ud-Dîn Rûmi

Etonnants voyageurs

À l’ami Jacques Lacarrière.Il fut de l’aventure « Etonnants Voyageurs » dès la première édition, et n’en manqua pas une seule, comme il fut de l’aventure de la revue « Gulliver » née en avril 1990 qui rassembla tous les écrivains fidèles de Saint-Malo autour de cette idée d’une littérature « voyageuse, aventureuse, soucieuse de dire le monde ».

C’est donc tout naturellement qu’il était devenu membre ( un membre très actif, toujours pétillant d’idées) de l’association Etonnants Voyageurs. Et le public le retrouvait chaque année avec bonheur, au café littéraire avec Maette Chantrel, à la Tour des Moulins avec son complice en poésie Yvon Le Men, où Sylvia Lipa, sa femme, et lui enchantaient le public par leurs lectures, et dans de multiples rencontres évocations, débats, rencontres, qu’il illuminait de son humour et de son immense érudition.
« Illuminait » : c’est le mot juste. Il était un de ces rares écrivains qui savaient faire de leur savoir de la lumière. Et nous gardons en souvenirs quelques instants de grâce, comme à Sarajevo, où il avait bouleversé le public par un magnifique hommage à Danilo Kis, ou cette « rencontre d’amitié » autour de Nicolas Bouvier, avec Jacques Meunier et Gilles Lapouge, les complices de toujours – tant d’autres encore, qu’il faudrait citer… Il avait la grâce.
Un immense écrivain. Amoureux fou de la Grèce, bien sûr, où il aura passé une bonne partie de sa vie, mais aussi de l’Inde, on le sait moins ( parti pour l’Inde, il était tombé malade à mi-chemin nous racontait-il, et avait ainsi découvert la Grèce, et lorsqu’à sa deuxième occasion de la découvrir, il était de nouveau tombé malade, il y avait vu comme un signe) de l’Anatolie, de l’Egypte, des mondes celtiques (sort ces jours-ci, chez sa grande amie Nicole Lattès La Forêt des songes, fantaisie autour des thèmes arturiens auquel il tenait beaucoup) passionné par le bouddhisme comme par les gnostiques, il était, au delà de la Grèce, profondément, un « homme du monde ». La manière française de tout cataloguer l’associe quasi exclusivement à la Grèce. A tort. Reste donc encore à prendre la mesure de son projet : à travers les cultures, les paysages et les chemins du monde, dessiner les contours d’une métaphysique de l’imagination créatrice Autrement dit : par le travail de l’écriture, réenchanter continûment le monde.
Un homme du monde, oui. Aimant la vie, le vin, les amis, bref, le « bel aujourd’hui » : la plongée dans les cultures du passé n’était pas chez lui un refuge, mais une manière de donner sens, profondeur, intensité, couleurs au présent : « J’aime le siècle ou je suis né, disait-il : je m’y sens bien et je n’ai jamais feint, comme tant d’autres, de m’y croire inadapté ou exilé ».
Pour un numéro de la revue Gulliver consacrée à la littérature de voyage, il avait proposé cette introduction, qui le résume si bien : « Le but du voyage ? Aucun, si ce n’est de perdre son temps le plus féeriquement possible. Se vider, se dénuder et, une fois vide et nu, s’emplir de saveurs et de savoirs nouveaux. Se sentir proche des Lointains et consanguin des Différents. Se sentir chez soi dans la coquille des autres. Comme un bernard-l’hermite. Mais un bernard-l’hermite planétaire. Ainsi pourrait-on définir l’écrivain-voyageur : “ Crustacé parlant dont l’esprit, dépourvu de carapace identitaire, se sent spontanément chez lui dans la culture des autres“ ». Jacques Lacarrière l’enchanteur.

L’équipe du festival