Lancement de l’Année Jacques Lacarrière (1925-2005)

Lundi 10 Mars 2025 à 19 heures
A la Maison de l’Amérique latine
217 boulevard Saint-Germain à Paris.
Informations pratiques

Entre la France et le monde,
Jacques Lacarrière, passeur de rives, passeur de rêves.

1925-2025. Cette année Jacques Lacarrière aurait eu cent ans, l’occasion de repartir à la découverte de son œuvre par les voix de tous ceux, amis, amies, lectrices et lecteurs qui n’ont cessé de l’accompagner depuis la création de l’association Chemins faisant au printemps 2006.

  • Présentation du calendrier 2025.
  • Lectures de Catherine Ferran (de la Comédie française), Michaël Ferrier, (lauréat du prix littéraire Jacques Lacarrière 2020), Sylvie Germain, (membre du jury du Prix), Elie Guillou (membre du jury du Prix), Sylvia Lacarrière, Valérie Marin La Meslée, (présidente du jury du Prix) Christian Peythieu, Baptiste Roussillon, Annie Terrier, (présidente de l’association Chemins faisant), André Velter …  Avec la participation exceptionnelle d’Hanna Schygulla.
  • Musiques : Sophie Charpentier, Yvan Navaï (musiques).

La librairie L’Ecume des pages sera présente avec A l’orée du pays fertileCe que je dois à Aimé Césaire.

Programme prévisionnel 2025, Centenaire de Jacques Lacarrière

Anniversaire de la naissance de Jacques Lacarrière (1925) et de sa disparition (2005).

Une année d’anniversaires qui nous donne une merveilleuse occasion, avec les éditeurs de Jacques Lacarrière, de mettre en lumière son œuvre protéiforme, comme le rappelait notre cher ami Gil Jouanard.

D’ores et déjà sont prévues plusieurs manifestations, rencontres, expositions. Ainsi que de nouvelles éditions, Le Bel aujourd’hui, aux éditions du PasseurA l’Orée du pays fertile aux éditions SeghersLes Visages Athonites aux éditions du Temps qu’il fait seront accompagnés d’une exposition de photos. Une édition rassemblant ses articles sur la Grèce, chez Dépaysage.

Parution de Borobudur en beau livre chez Jacques Brémond éditeur..

Manifestations, certaines dates à préciser :

25 janvier  2025, dans le cadre de « Strasbourg Capitale de la Culture de l’Unesco », et de Bibliothèques Idéales, Jacques Lacarrière, l’étonnant voyageur nous enchante encore, avec Etonnants Voyageurs

10 mars 2025, Lancement de « Année 2025, Jacques Lacarrière » à La Maison de l’Amérique Latine

Mars,  Printemps des poètes avec la nouvelle édition de l’Anthologie poétique A L’Orée du pays fertile aux éditions Sghers

Semaine du 12 Mai 2025, TunisieChemins faisant à l’Institut Français de Tunis et de Sousse.

Juin, Exposition Visages Athonites à la librairie Ombres Blanches à Toulouse.

Du 7 au 9 juin 2025, Festival Étonnants Voyageurs avec les éditions Plon, « Dictionnaires amoureux » et « Terre Humaine ».

Le 26 juin 2025, Villa Kérilos, autour des musiciens Hadzidakis, Théodorakis, et Jacques Lacarrière nés tous les trois en 1925

Le 9 novembre 2025, Musée de Bibracte. Rencontres autour de Jacques Lacarrière.

Jacques Lacarrière, l’étonnant voyageur nous enchante encore…

Samedi 25 janvier ⸱ 20h hommage en musique ⸱ BNU

À l’occasion du centenaire de la naissance de Jacques Lacarrière, d’autres étonnants voyageurs font escale à Strasbourg pour lui rendre hommage. Grand voyageur aux yeux bleus, amoureux de la Grèce, humaniste, Jacques Lacarrière est une légende. Strasbourg donne rendez-vous au festival Étonnants Voyageurs pour un premier temps fort !

Hommage en lecture et en musique avec son épouse la comédienne Sylvia Lipa-Lacarrière, Pascal Dibie, Emmanuel Ruben, Nicolas Syros, musicien & Maxime Pacaud, comédien.

Modération par Françoise Schöller.
Entrée libre et gratuite.

Présentation et informations pratiques

LES BIBLIOTHÈQUES IDÉALES & LE CERCLE D’AMITIÉ FRANCO-HELLÉNIQUE

Prix Littéraire Jacques Lacarrière 2024

À l’issue de sa réunion de délibération, le jury du prix littéraire Jacques Lacarrière 2024 a distingué Eugène Savitztkaya pour son livre Fou de Paris, publié aux Éditions de Minuit en 2023.

Mention spéciale du Jury :  Ryoko Sekiguchi, L’appel des Odeurs (P.O.L., 2023).

Eugène Savitzkaya et Ryoko Sekiguchi

L’auteur a reçu sa récompense le vendredi 6 décembre à 18h dans la salle historique de la Bibliothèque des Lettres et Sciences humaines de l’École Normale Supérieure.

Le jury présidé par Valérie Marin La Meslée, auteure et journaliste littéraire, réunissait cette année Michaël Ferrier, écrivain et lauréat du prix Jacques Lacarrière 2020 ; Marie-Hélène Fraïssé, auteure et productrice à France Culture ; Christian Garcin, écrivain ; Sylvie Germain, écrivaine ; Elie Guillou, chanteur et poète ; Sylvia Lipa Lacarrière, comédienne, déléguée artistique de « Chemins faisant » ; Jean-Luc Raharimanana, écrivain et lauréat du prix Jacques Lacarrière 2018 ; Anne Simon, auteure, chercheure en zoopoétique, et Annie Terrier, créatrice du festival Écritures croisées d’Aix-en-Provence et présidente de  Chemins faisant.

Le suivi du Prix (sans voix délibérative) est assuré par Eloïse Vial, archéologue responsable de l’action culturelle, Bibracte EPCC.

Cette quatrième édition du prix, décerné tous les deux ans, donne le coup d’envoi d’une année doublement commémorative pour Jacques Lacarrière. En effet, 2025 marque à la fois le centenaire de sa naissance (2 décembre 1925) et les vingt ans de sa disparition (17 septembre 2005). 

En 2022, la récompense avait salué Un ciel de Pierres de Matthieu Gounelle (Gallimard).

Pour Jacques Lacarrière par Michel Sendrez

Institut du Monde Arabe
10 décembre 2015

Tout d’abord, dire mon immense admiration pour le poète, l’écrivain, le savant, l’humaniste   qui offrait en partage son savoir, ses connaissances, sa spiritualité, son humour, en un mot son génie, et cela avec une modestie et une simplicité totales. Il nous arrivait après les concerts-    lecture de nous retrouver au bistro du coin, autour d’un verre de vin et d’une assiette de frites, pour des moments non seulement amicaux mais tellement enrichissants, et dont je garde précieusement le souvenir. 

Notre première rencontre professionnelle date de 1961, pour un documentaire de Francis Bouchet sur les souffleurs de verres, dont Jacques Lacarrière avait écrit le commentaire et moi la musique, et auquel il avait donné un titre que lui seul pouvait trouver :  » FLEURS de FEU ».                                                                                                                   

Plus tard j’ai composé une œuvre intitulée Lapidaire autour de six poèmes de son recueil éponyme, pour orchestre symphonique trois voix et récitante, une mélodie sur son poème A la tombée du bleu et des bruits inspiré par un tableau de Giorgio Chirico, et faisant allusion à La vie antérieure de Charles BaudelaireYggdrasil pour contrebasse seule, plusieurs pièces pour flûtes pour les concerts-lecture, et deux opéras : Marie d’Egypte ou le désir brûlé et Sol Invictus, œuvre sur la volonté  de vivre la paix, que m’avait commandée le Centre Mondial de la Paix, et pour laquelle  il avait accepté d’écrire un livret, extraordinairement  poétique en même temps que très engagé. 

Je voudrais vous dire enfin, combien j’aimerais réussir à retrouver cette raison qui poussait Jacques Lacarrière à écrire :     

  » ÉCRIRE pour dé-river de l’homme ancien. Écrire pour dériver vers l’homme à naître.
Rien d’autre « .

Michel Sendrez (1932 – 2024) était compositeur et pianiste, il a écrit un opéra-conte Marie d’Egypte, d’après le roman de Jacques Lacarrière, sur un livret de Philippe Laborit.

Luis Mizon

Fenêtres
Entre ciel et ciel
mon rêve se trompe
de chemin
de jardin
de silence
le bleu rêve de lui même
au plus profond de la pierre
et dans le cristal des algues
il apprend à respirer
le bleu rêve dans chaque goutte de pluie…

Luis Mizon, à son tour, s’en est allé là « où coule un large fleuve, où s’abreuve le peuple des anges et des oiseaux », rejoignant notre cher Gil Jouanard.
Nos deux compagnons poètes étaient les co-fondateurs, en 2006, de l’association Chemins faisant, pour continuer et garder vivante la parole de leur ami Jacques.
Les voilà tous trois réunis.

                      Extrait d’une petite anthologie de poèmes de Luis par Jacques Lacarrière

« … Luis nous dit : « Ce qui est propre à la poésie, c’est de donner matière à l’invisible, d’incarner l’âme étrangère du langage, de se laisser habiter dans la lecture par l’âme d’autrui. Ce que l’esprit exige, c’est le corps. Le langage passe de corps à corps et ainsi se remplit de sens caché, de manières de dire la même chose, et plus encore, de sens sans direction précise, de dessins, de schémas, de paroles qui touchent au plus secret et au plus intime du cœur. » Luis Mizón est une grande voix du Chili et de la poésie contemporaine.

Notre ami, Porteur de Feu des HSE, le grand poète chilien Luis Mizon est décédé le 30 décembre 2022, à l’âge de 80 ans. J’avais avec Luis, en commun, la poésie, le Chili, surtout l’Isla de Pascua (l’île de Pâques) et une grande amitié. Une perte pour Les HSE et Chile ! » C.D

Adios y abrazo companero poeta Luis ! Mi queridísimo amigo poeta de Valparaíso, del Hombre Pájaro, de Isla de Pascua, Moai de mirada azul… mon très cher ami poète de Valparaíso, de l’Homme aux Oiseaux, de l’île de Pâques, Moai aux yeux bleus…                             (Christophe DAUPHIN (Revue Les Hommes sans Epaules).

  Présentation de l’association Chemins faisant au château de Villiers à Poissy en 2006, avec Luis Mizon, Gil Jouanard, Sylvia Lipa-Lacarrière, Zeno Bianu.
Luis en compagnie de Jean-Marc Brocard lors du baptême de la bibliothèque principale d’Auxerre « Jacques-Lacarrière ».

Dès mon arrivée, je fus surpris par la beauté du ciel et des nuages. Couches de nuages étalées à l’horizon, à la même hauteur, couches animées, théâtrales, emplies de comédiens éphémères. Têtes, sabots, crinières qui ne durent qu’un instant. Villes disparues au loin, quand toutes les traces s’effacent. Les dieux sont fragiles. Ils ont besoin de la parole humaine pour nous dire le miroir de leurs amours. Sur la falaise, nous faisons l’archéologie des nuages. Histoire silencieuse. || y a des escaliers invisibles entre le ciel et la terre. Comme les vignes, les nuages plongent leurs racines dans la terre.
Jacques, moi-même, notre hôte, le vin, nous sommes à présent les parties constituantes d’un même instant, fait d’écoute et de regards jetés vers le ciel et le sous-sol.
Comme des particules élémentaires tournant dans l’Anneau du Grand Collisionneur, nous restons infiniment liés dans la subtile complicité de cette déflagration.

Texte de Luis Mizon, écrit après un passage à Préhy, dans la cave de notre ami viticulteur Jean-Marc Brocard, figurant dans son ouvrage consacré à Jacques, « Le Sacré bricolage de l’esprit ».

Conversations souriantes dans le « Jardin du Jardinier des nuages » chez Guilène Ferré et Bob Bazelaire à Criens, en Bourgogne. Avec Luis, Marianne Auricoste, Tahar Bekri, Valérie Marin La Meslée.
Luis à l’Atelier-galerie de l’ami André, rue Audran à Paris

Le troisième anneau

Traduit du grec par Jacques Lacarrière
Collection Du monde entier, Gallimard
Parution : 10-02-1967
Une femme, Mme Ekavi, raconte sa vie à une amie, Nina. Vie quotidienne, banale en apparence, mais dont les acteurs et les événements – tels qu’elle les décrit, les transforme et les imagine – se haussent au niveau d’une tragédie tour à tour sordide et poignante. Son mari, ses enfants, son mariage, son divorce furent-ils vraiment tels qu’elle le prétend? Nous ne le saurons jamais tout à fait. 
Les personnages et le décor de ce monde singulier – qui rappelle Jean Genet et Céline – nous font découvrir l’existence quotidienne d’une famille grecque de la petite bourgeoisie, et aussi l’histoire contemporaine de la Grèce.

ISBN : 2070261816
Gencode : 9782070261819
Code distributeur : A26181
272 pages, 140 x 205 mm 

Comptes rendus de lecture pour Gallimard et Autres

Jacques Lacarrière fut  lecteur de nombreux ouvrages grecs, principalement pour les éditions Gallimard des années 1963 à environ 1981.

La CaisseAris AlexandrouGallimard1973
Dix-Huit TextesRecueilGallimard1970
Dans les Vestiges de la ReprésentationPhilippe DracondaidisLe Seuil1982
La GrilleAndres FrangiasGallimard
La PesteAndres FrangiasGallimard1973
La Fin de Notre Petite VilleDimitri Hadzis
Le Double LivreDimitri HadzisJulliard1979
Les DésarmésDimitri Hadzis
Georges Seferis Mon FrèreIonna TsatsosGallimard1976
Propos de QuartNokos KavadiasStock
Aristophane VivantSolomouGallimard
Et Je vis Un Cheval VertTatiana MilliexAlbin Michel
Les Évadés de la Légion ÉtrangèreGeorges Maniatis
ConciergerieYannis RistosGallimard1973
HélèneYannis RistosGallimard1973
AngélismesVassili Vassilikos
Glaukos ThrassakisVassili VassilikosPlon1976
Journal de ZVassili VassilikosGallimard1970
La PlongéeVassili VassilikosGallimard1974
Les PhotographiesVassili Vassilikos
MagnétophoneVassili VassilikosGallimard1973
Mythologie de l’AmériqueVassili Vassilikos
Parti Sans Laisser d’AdresseVassili VassilikosGallimard1973
Le Troisième AnneauKostas Taktsis
Ta RestaKostas Taktsis

Courriers vers les éditeurs

Prière d’InsérerYannis RistosGallimard1973
Note sur la traduction française d’Hélène et de la ConciergerieYannis RistosGallimard1975
Note pour l’édition de la trilogie méricaine Vassili VassilikosJulliard1978
Lettre à M. MascoloGallimard
Liste des comptes rendus Gallimard1963

Pour Jacques

Par Gil Jouanard

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire que Jacques Lacarrière n’est pas un écrivain ; je veux dire un seul écrivain, mais plusieurs. En effet, poète et romancier, historien et conteur, érudit et facétieux, savant et naturel, voyageur et immobile contemplateur, entomologiste et penseur (libre penseur même, au sens littéral), il échappe aux définitions et aux classifications « désespoir des bibliothécaires et des libraires » comme certaines fleurs sont dites « désespoir du peintre ». Dans quel rayon ou quelle rubrique le placer, sans craindre de le voir prendre la poudre d’escampette ? 

Pour continuer Le géographe des brindilles, Sylvia, sa compagne, vient de rassembler en une gerbe de fleurs qui ne sont jamais de rhétorique, mais plutôt des fleurs des champs et des bois, de toutes les saisons, des textes de notre Bourguignon de Cappadoce, de notre Solognot égyptien, de notre Grec carnute, qui nous font naviguer à l’estime et même caboter de sensations en réflexions, de choses vues en choses imaginées, de raretés familières en fulgurantes illuminations.

Il y parle de la responsabilité de l’écrivain et de la survenue du printemps, du bouddhisme et de l’automne en forêt, des drames du monde et de la sérénité de la nature, des tourterelles et des derviches de Konya, de Sumer et de l’Olympe, du Caire et des nuages, de la planète Mars et de Patmos, du beau livre de Delamain intitulé Pourquoi les oiseaux chantent  et de Minerve en Minervois, et j’en passe…

C’est que Jacques est bel et bien l’insecte qu’il a justement prétendu être dans Le pays sous l’écorce, volant ou bondissant de fleur en fleur, y butinant, captant ici du nectar et là de la sève. Il va, vient, fuse, plane, se pose, repart, tantôt avec la lenteur du penseur de l’agora, tantôt avec la promptitude de l’éclair olympien. Non seulement en plusieurs lieux successifs, mais aussi en plusieurs identités simultanées. N’étant lui-même que lorsqu’il en est plusieurs, ou mieux encore, lorsqu’il est cet « autre » que le jeune Ardennais aurait souhaité être, tandis que l’autre Ardennais des eaux et forêts, André Dhôtel, le fut sans effort, sous l’oeil bienveillant de leur voisin Bachelard (lui aussi Bourguignon d’adoption, mais d’abord Champenois).

Partout chez lui, et lui partout, il vrombit et papillonne, plane et irradie, intenable, facétieux, grave et serein, enjoué et perspicace. Dans sa carrière, le calcaire coquiller cohabite avec les veines de fluorine et les pépites de diamant. 

C’est tout juste si on ne le voit pas danser le sirtaki et imiter l’opéra chinois. Enfin, si on y regarde avec attention, on l’y voit aussi faire l’un et l’autre, chorégraphe et mime érudit.

Jacques, quoi, tel qu’on l’aime et l’admire. Et tel qu’on le lit sans se lasser.

Avignon, le 4 mars 2020.