Luis Mizon, à son tour, s’en est allé là « où coule un large fleuve, où s’abreuve le peuple des anges et des oiseaux », rejoignant notre cher Gil Jouanard.
Nos deux compagnons poètes étaient les co-fondateurs, en 2006, de l’association Chemins faisant, pour continuer et garder vivante la parole de leur ami Jacques.
Les voilà tous trois réunis.
Extrait d’une petite anthologie de poèmes de Luis par Jacques Lacarrière
« … Luis nous dit : « Ce qui est propre à la poésie, c’est de donner matière à l’invisible, d’incarner l’âme étrangère du langage, de se laisser habiter dans la lecture par l’âme d’autrui. Ce que l’esprit exige, c’est le corps. Le langage passe de corps à corps et ainsi se remplit de sens caché, de manières de dire la même chose, et plus encore, de sens sans direction précise, de dessins, de schémas, de paroles qui touchent au plus secret et au plus intime du cœur. » Luis Mizón est une grande voix du Chili et de la poésie contemporaine.
Notre ami, Porteur de Feu des HSE, le grand poète chilien Luis Mizon est décédé le 30 décembre 2022, à l’âge de 80 ans. J’avais avec Luis, en commun, la poésie, le Chili, surtout l’Isla de Pascua (l’île de Pâques) et une grande amitié. Une perte pour Les HSE et Chile ! » C.D
Adios y abrazo companero poeta Luis ! Mi queridísimo amigo poeta de Valparaíso, del Hombre Pájaro, de Isla de Pascua, Moai de mirada azul… mon très cher ami poète de Valparaíso, de l’Homme aux Oiseaux, de l’île de Pâques, Moai aux yeux bleus… (Christophe DAUPHIN (Revue Les Hommes sans Epaules).
Dès mon arrivée, je fus surpris par la beauté du ciel et des nuages. Couches de nuages étalées à l’horizon, à la même hauteur, couches animées, théâtrales, emplies de comédiens éphémères. Têtes, sabots, crinières qui ne durent qu’un instant. Villes disparues au loin, quand toutes les traces s’effacent. Les dieux sont fragiles. Ils ont besoin de la parole humaine pour nous dire le miroir de leurs amours. Sur la falaise, nous faisons l’archéologie des nuages. Histoire silencieuse. || y a des escaliers invisibles entre le ciel et la terre. Comme les vignes, les nuages plongent leurs racines dans la terre.
Jacques, moi-même, notre hôte, le vin, nous sommes à présent les parties constituantes d’un même instant, fait d’écoute et de regards jetés vers le ciel et le sous-sol.
Comme des particules élémentaires tournant dans l’Anneau du Grand Collisionneur, nous restons infiniment liés dans la subtile complicité de cette déflagration.
Texte de Luis Mizon, écrit après un passage à Préhy, dans la cave de notre ami viticulteur Jean-Marc Brocard, figurant dans son ouvrage consacré à Jacques, « Le Sacré bricolage de l’esprit ».