Musique traditionnelle grecque
Compagnie Gradisca
Loukia Chatzianastassiou (chant), Georges Nikolaïdis (flûtes traversière et à bec), Pantelis Terezakis (lyre crétoise, luth, guitare)
Enregistré à Thessalonique en juin 2005 – Produit à Paris par KDG
Production sous l’égide de l’Unesco, de l’université de Paris IV Sorbonne, avec le concours du Patriarche œcuménique de Constantinople, Barthloméos le 1er, et le concours du Consulat général de Grèce à Paris
Texte de présentation de Jacques Lacarrière :
Parler de tradition en matière de chant et de musique, c’est parler avant tout de mémoire. Mémoire de temps souvent anciens, parfois même de temps premiers, mémoire aussi des lieux, des paysages, des coutumes qui, grâce au pouvoir particulier de la musique, deviennent porteurs d’une émotion souvent plus forte et plus durable que celle des textes écrits de leur temps, j’ai entendu à Rhodes il y a presque cinquante ans l’un des chants traditionnels de ce recueil, Thalassaki – La petite mer -, et en le réécoutant aujourd’hui j’ai ressenti avec la même intensité l’émotion et l’émerveillement éprouvés alors en découvrant que le chanteur – ou la chanteuse – tutoie la mer et lui parle comme à une amie et même à une sœur.
On s’est rarement demandé pour qui ces chants furent composés. Pour les berceuses, qui portent en grec le joli nom de nanourismata – de chants de nourrice – autrement dit, de chants nourriciers! – la réponse va de soi.Pour la plupart des autres, je répondrai : tout simplement pour nous, quelque soit leur lieu d’origine. Je pense plus particulièrement aux chants crétois qui par l’intensité, la virtuosité de leurs rythmes, ont un pouvoir et une portée qui va bien au-delà de la Crête et de ses luttes contre l’occupant ottoman. Il ne s’agit donc pas en succombant aux charmes et aux sirènes de cette anthologie de revenir ou de retomber en enfance mais bien au contraire de ressentir ou découvrir qu’on peut s’émerveiller à tous les moments de sa vie et qu’il n’y a pas d’âge pour tutoyer la mer !
Jacques Lacarrière