Dans son ouvrage intitulé Paroles soufies des derviches anatoliens, paru dans la collection ‘Carnets de sagesse’ chez Albin Michel, Sylvia Lipa Lacarrière nous trace un raccourci de la poésie des derviches anatoliens.
Ceux-ci, apparus au XIIIème siècle, introduisirent selon l’auteur un «chant porteur d’une spiritualité et d’une parole nouvelle» qui se greffa sur «ce rameau mystique de l’Islam qu’est le soufisme» et qui porta la marque d’un «doute fécond».
Dans son ouvrage intitulé Paroles soufies des derviches anatoliens, paru dans la collection ‘Carnets de sagesse’ chez Albin Michel, Sylvia Lipa Lacarrière nous trace un raccourci de la poésie des derviches anatoliens.
Ceux-ci, apparus au XIIIème siècle, introduisirent selon l’auteur un «chant porteur d’une spiritualité et d’une parole nouvelle» qui se greffa sur «ce rameau mystique de l’Islam qu’est le soufisme» et qui porta la marque d’un «doute fécond».
Yunus Emré fut le premier d’une longue lignée de moines et chanteurs derviches. Djalâl-ud-Dîn Rûmi, contemporain de Yunus, fonda l’ordre des derviches tourneurs et fut l’auteur de milliers d’odes lyriques en langue persane. (lire l’extrait).
Les photographies sont de Roland et Sabrina Michaud.
La Noria
Noria, pourquoi grinces-tu
Et pourquoi gémis-tu?
Je grince et je gémis d’amour pour Dieu.
Je suis noria et je suis eau souffrante
Dieu a voulu que je geigne et gémisse.
Mes ailes, mes bras sont arbre mutilé.
Chêne j’étais dans les montagnes,
Chêne tout dru vers Dieu dressé.
Mais on coupa mes branches,
On amputa mon tronc,
Et depuis je suis vielle,
Infatigable vielle
Tournée vers le poète, M’ont rabotée,
M’ont tanaisée, m’ont mortaisée
Les charpentiers.
Et depuis, par l’amour navrée,
Je geins de Vérité.
Yunus, toi qui connais la roue du monde,
Tu sais qu’aucun dessein ne trouve issue,
Que nul être humain ne demeure.
Noria navrée d’amour, je tourne,
Je grince et je geins.
Yunus Emré
L’histoire entière du monde sommeille
En chacun de nous.
Jalâl-ud-Dîn Rûmi