Le Prix littéraire Jacques Lacarrière
Le prix consiste en une résidence littéraire à Bibracte, agrémentée, pour l’édition 2020, d’une aide à la création de 3000 € (partagée à part égale entre Bibracte et la Bibliothèque de Saône et Loire) et de dotations en nature sous la forme d’une prise en charge des frais de séjours à Bibracte pour la durée de la résidence. Celle-ci (la première, qui s’est déroulée au cours de l’année 2021) a pour vocation d’offrir au lauréat un cadre de travail favorable à la création, dans un lieu patrimonial unique dédié à la recherche archéologique.
En 2018, le Prix a été décerné à Jean-Luc Raharimanana, premier lauréat pour Revenir (Rivages).
Raharimanana et Bibracte
A la suite de la première résidence réalisée en 2019 par Jean-Luc Raharimanana au titre de la dotation qu’il a obtenue en tant que lauréat de la première édition du Prix littéraire Jacques Lacarrière, (organisé conjointement par Bibracte, l’association Chemins Faisant et la Bibliothèque départementale de Saône-et-Loire) deux résidences artistiques d’environ une semaine ont été accueillies à Bibracte en 2020, en lien direct avec la saison culturelle du musée. Jean -Luc Raharimanana a en effet tissé, confie-t-il, des liens singuliers avec les arbres, les pierres, et le ciel du Mont-Beuvray. Cette attraction puissante de l’artiste pour l’esprit des lieux à généré plusieurs séjours durant l’année. Une proposition d’exposition photos et textes a germé en février 2020, bientôt enrichie d’un recueil de poèmes. Sur place, le projet d’une installation en 10 stations comportant 10 poèmes et des photographies de l’auteur s’est se dessiné, aboutissant en fin d’année à « La Voix, le loin ».
Installation : « La voix, le Loin »
Madagascar rencontre le Morvan, l’installation débute ou se termine dans une tromba, cabane de transe de tradition malgache devenue lieu d’immersion dans un univers de sons et d’images. En Mars 2021, une résidence de 10 jours avec Jean-Christophe Feldhandler,Vivien Trelcat, Yann Marquis,Vincent Guibal et Max Lance autour du poète avait permis la création de la vidéo musicale installée dans la tromba
Les mots de Jean-Luc : « C’est une interrogation artistique, du fait de mes origines malgaches où la représentation n’est pas simplement une affaire d’artiste mais une implication directe du public aussi. Réinterroger l’espace du jeu, la circulation du regard et l’énergie de l’interprétation, réinventer le rapport au public. Un poète qui met en œuvre une installation texte/photo/vidéo/musique, qu’est-ce donc ? Quand les textes sont exposés sur d’inhabituels supports : des tôles rouillées, des trous d’arbres centenaires, des bâches sur le sol, des pupitres troués qui mangent les lettres…… Quand les photos empruntent à la peinture et au graphisme, quand les ombres profilent les narrations… Quand la vidéo ne représente pas mais suggère, quand la musique embarque dans des sons inattendus ou dans des mélanges de culture surprenants… Quel public crée-t-on ? Ou que crée le public à cet instant ? Qu’amène-t-il avec lui ? Que ramène-t-il ? C’est une étape mais aussi un instant rare et indépendant. (…) »
La Voix, le Loin
Quand la poésie se regarde
Le coeur de cette installation dans la forêt du mont Beuvray est la poésie.
Le poète est un inventeur, un explorateur de formes, son art combine les sonorités, les rythmes, les mots, les images…
Raharimanana, l’auteur de ces poèmes, a choisi de les exposer, de les faire sortir du livre. L’ensemble de textes, se déploie en 10 stations de 10 poèmes composés en 10 temps (plan donné au musée).
Le processus d’écriture est ainsi fait : un jour – un poème.
100 journées – 100 poèmes…
Au levé, une musique en tête, des images – de là jaillissent les mots teintés de l’humeur du jour, traversés par l’actualité du monde et les émotions qu’elle suscite. L’ambiance du jour est parfois gaie, mélancolique, elle peut être violente.
Il ne s’agit pas ici d’une proposition de lecture intégrale, le livre sera prochainement publié aux éditions Vents d’ailleurs. Le visiteur peut s’arrêter le temps d’un poème ou attraper des mots au passage. En cheminant, l’ombreux et l’étincelant se tissent, la frontière entre le songe et la réalité est indécise.
Eloïse Vial
Passation, d’un lauréat à l’autre
Au terme de sa résidence à Bibracte, Raharimanana, prix 2018, a croisé le lauréat du prix 2020, Michaël Ferrier