Soleil Invaincu, Cantate de la Paix
Au cours du festival De la Guerre à la Paix de juillet 2003, le public du Centre Mondial de la Paix de Verdun a pu découvrir Sol Invictus une création mondiale co-signée par Michel Sendrez, compositeur et Jacques Lacarrière.
Au cours de ces derniers mois, j’ai travaillé dans l’île de Chypre sur la zone interdite séparant depuis le mois d’Août 1974 la partie turque et la partie grecque de l’île. J’ai pu rencontrer ainsi à plusieurs reprises les soldats de la force d’interposition de l’ONU. Des soldats éventuellement armés mais des soldats dont la mission est d’empêcher toute reprise des combats.
Il m’a semblé qu’aujourd’hui un texte sur la paix ne pouvait pas ignorer cette nouvelle fonction ou cette nouvelle mission d’une armée : veiller sur la paix à l’ombre des armes. Et cela, quelle que soit la forme de ce texte : prose ou poème, appel ou élégie, prière ou manifeste. C’est la raison pour laquelle une des voix de cet oratorio est celle d’un soldat de la paix. Pourquoi aussi une des voix féminines est celle d’une réfugiée. Pour quiconque a pu parcourir les différents camps installés dans le Proche-Orient comme je l’ai fait ces dernières années, les réfugiés sont devenus les plus nombreuses, comme les plus éprouvées, des victimes de l’état de guerre.
La paix ne saurait être simplement le contraire de la guerre. Elle n’est pas un état de grâce mais le résultat d’un combat. Elle ne saurait être soumission, encore moins démission face à la violence. Si la guerre est l’équivalent d’un cri, la paix doit être un chant fort et puissant. C’est pourquoi je n’ai pas renoncé pour autant à faire place à l’espoir — même né à l’ombre des armes- symbolisé ici par l’aube et le soleil levant. Carle soleil apporte non seulement le jour mais la réconciliation. Je n’ai pas trouvé pour l’instant de titre à ce chant de l’aube future. Dans mon esprit, je le nomme Soleil invaincu, nom que les Romains donnaient aux jours du solstice d’hiver où l’astre paraissait englouti dans la nuit.
Jacques Lacarrière
Quand Jean-Luc Demandre, directeur du Centre mondial de la Paix et Didier Patard, directeur de Transversales, m’ont fait la commande d’une œuvre sur la volonté de vivre en paix, je me suis très vite adressé à Jacques Lacarrière en espérant qu’il accepterait de relever le défi d’un sujet aussi difficile. Il en est résulté ce très beau texte : Sol invictus. La difficulté à laquelle je me trouvais alors confronté était d’arriver à traduire musicalement, non seulement la beauté de la langue mais aussi l’idée, parmi tant d’autres, d’une espérance aussi forte dans un avenir lumineux. J’ai conçu une disposition scénique de façon à ce que toute tentative de dialogue paraisse hors temps, hors espace. Le comédien et la comédienne immergent le sujet dans l’actualité. Le comédien, dont le double, danseur capoiériste, donne à voir l’habileté de ses acrobaties verbales, la comédienne, elle, femme victime, prolongée ensuite par la danseuse butô symbolisant, dans sa nudité, l’espoir au féminin.
Michel Sendrez