Remise du Prix littéraire Jacques Lacarrière à l’Institut du Monde Arabe
Le 10 décembre 2018, le jury de cette première édition du Prix littéraire Jacques Lacarrière, présidé par Gil Jouanard, réuni dans la bibliothèque a récompensé l’auteur Jean-Luc Raharimanana pour son livre Revenir, paru aux éditions Rivages en mars 2018.
Accueilli par Jack Lang, président de l’IMA, Maati Kabbal, responsable des jeudis de l’IMA, Jalila Bouhalfaya, directrice de la bibliothèque, Vincent Guichard, directeur général de Bibracte, Benoît Boutilié, secrétaire général et Eloïse Vial, archéologue, responsable de l’action culturelle à Bibracte.
En ouverture, présentation du Prix par Gil Jouanard
Et la lecture d’un poème de Jacques Lacarrière dédié à Eloïse Vial La lumière éblouit l’invisible avec Sylvia Lipa-Lacarrière accompagnée au violon par Charles Mathieu
Si la plupart des écrivains confinent leur œuvre dans les limites d’un genre littéraire précis, parfois même dans celui d’une thématique, il n’en va pas de même de Jacques Lacarrière. C’est même tout le contraire : il échappe à la notion de genre comme à celle de catégorie et même de thème favori.
Après avoir été un lecteur passionnément éclectique d’ouvrages d’érudition, de traités spécialisés et de fictions romanesques, aussi bien que de poésie et d’œuvres dramatiques, il est devenu à son tour un prodigieux écrivain battant pavillon cosmopolite et spécialiste de tous les genres réunis, sautant de l’un à l’autre avec une maestria probablement sans égale dans notre littérature. Poète et conteur, penseur et espiègle, érudit et improvisateur. Tout comme il fut, dans sa vie, contemplatif et actif, marcheur de plein vent et méticuleux scrutateur de son intériorité et de sa mémoire. Lyrique, puis hardi explorateur ou scrupuleux spéléologue des labyrinthes de la nature humaine. Historien et entomologiste, marcheur de fond et flâneur de proximité. Quêteur de traces du sacré spirituel et terrestre, toutefois jamais affilié à une religion ou à une idéologie, libre penseur faisant son Dieu de toute la nature.
Il fut aussi l’ami simultané de Grecs et de Turcs, d’Israéliens et de Palestiniens, Carnute burgondisé, mais aussi gnostique et agnostique, moine du mont Athos et Bogomile post-mazdéen.
Physiquement, spirituellement et mentalement, il était ici, quand on le croyait là ; on pensait l’y avoir rejoint, voilà qu’il était encore ailleurs. Comme s’il avait cherché à débusquer la pierre philosophale ou à résoudre l’énigme de la quadrature du cercle.
Il aurait été utopique de chercher à dénicher l’oiseau rare, ou plutôt le cas d’espèce qui eût été à la fois insecte sous l’écorce et Jason argonaute, ascète et gourmand, aventurier et ermite, lyrique et humoriste, conteur et philosophe, naturel et sophistiqué.
Mais, par bonheur, nous avons reçu nombre de candidatures qui entraient avec bonheur dans une ou l’autre de ces tonalités réunies, d’ordinaire perçues comme incompatibles entre elles. Et, compte tenu de la grande qualité des ouvrages proposés, ce ne fut pas une mince affaire de désigner le premier des lauréats de ce prix Jacques Lacarrière, dont nos amis de Bibracte ont eu la généreuse et très opportune idée de prendre l’initiative.
C’est pourquoi je les remercie, en mon nom, en tant que président de Chemins faisant, au nom de Sylvia Lacarrière et au nom de tous les membres actifs de notre association, ou plutôt de notre confrérie des amis de l’espiègle « insecte protée », ainsi que je me suis permis de désigner Jacques.
Pour mieux vous faire savoir quelle fut notre bienheureuse difficulté à désigner un lauréat, parmi la riche diversité des candidatures, je vais à présent donner la parole à ceux des membres du jury qui ont accepté d’expliciter leur propre choix et de coopter le nom, et l’œuvre, de celui qui nous a paru, par la qualité de son livre et par l’adéquation avec un des aspects du génie polymorphe de Jacques fidèle à cet esprit dont je viens de définir la diversité et l’éclectisme si fertile, digne d’inaugurer ce prix, le premier d’une série que nous espérons longue..
Bravo enfin, et merci, à l’équipe du centre archéologique de Bibracte, à son directeur, Vincent Guichard et, en tout premier lieu, à Eloïse Vial, qui fut la coordonnatrice infatigable de cette si belle initiative.
Gil Jouanard