Sommes-nous vraiment au monde ? La vraie vie n’est-elle pas ailleurs ? Dix-sept siècles avant Rimbaud, les Gnostiques ont posé ces questions radicales, sur les rivages et dans les ruelles d’Alexandrie, face aux idoles d’un monde en perdition, face aux excès d’un christianisme triomphant. Questions toujours actuelles : l’injustice, l’intolérance, l’arbitraire et la souffrance continuent d’habiter ce monde. Alors où est l’issue ? Peut-on aujourd’hui encore suivre la voie gnostique pour échapper au monde.
(…) La gnose est une connaissance. C’est sur la connaissance et non sur la croyance et sur la foi que les gnostiques entendaient s’appuyer pour édifier leur image de l’univers et les implications qu’ils en tirèrent : connaissance de l’origine des choses, de la nature réelle de la matière et de la chair, du devenir d’un monde auquel l’homme appartient aussi inéluctablement que la matière dont il est constitué.
Or cette connaissance – née de leurs propres réflexions ou d’enseignements secrets qu’ils disaient tenir de Jésus ou d’ancêtres mythiques – les portent à voir dans toute la création matérielle le produit d’un dieu ennemi de l’homme.
Viscéralement, impérieusement, irrémissiblement, le gnostique ressent la vie, la pensée, le devenir humain et planétaire comme une vie manquée, limitée, viciée dans ses structures les plus intimes. Depuis les étoiles lointaines jusqu’aux noyaux de nos cellules tout porte – matériellement décelable – la trace d’une imperfection originelle que seules la gnose et les voies qu’elle propose seront en mesure de combattre.
Collection Spiritualités vivantes chez Albin Michel