Concert – Lecture
Bouzouki Nicolas Syros, guitare Ménélas Evgniadis
musiques de Théodorakis et Hadzidakis
Lecture Sylvia Lipa-Lacarrière
Textes choisis dans L’Eté grec, Chemins d’écriture,
poèmes : Icare, Aphrodite
Ménologue, courts poèmes accompagnés de la musique de Hadzidakis.
Concert de rébètika “Le Blues du Pirée”
… C’est dans les ports et par la suite dans les tavernes, là où tout Grec se sent chez lui, que se pose la question même qui résonne au coeur de chaque rébètiko : la nuit de l’homme finira-t-elle un jour ?
Bordeaux : vendredi 12 mars 2010 à 22 heures, Halle des Chartrons, place du marché des Chartrons.
Trentels (Lot et Garonne) : samedi 13 mars à 19 heures, Salle des Fêtes.
Renseignements : 06 37 54 00 02
Jacques Lacarrière
« Né à Limoges en 1925, grand voyageur aux yeux bleus, amoureux de la Grèce, humaniste, il a multiplié les récits de voyage, romans, poèmes, traductions, livres d’art et photographies (…). Emerveillé par la Grèce, le grec ancien et la mythologie, il découvre pour la première fois le pays en 1947, traduit Hérodote et Sophocle, et met en scène Ajax et Perséphone. » Ainsi est-il présenté par le festival de Saint-Malo Etonnants Voyageurs auquel il participa fidèlement avec sa femme, la comédienne Sylvia LIpa, jusqu’à sa mort brutale en 2005. Son amour pour la Grèce où il voyagea et vécut, l’amène à en voir la continuité et A nejamais séparer la Grèce antique de la Grèce moderne. Un survol de sa bibliographie en témoigne : L’été grec. En cheminant avec Hérodote,Promenade dans la Grecs antique, L’Odyssée hier et aujourd’hui : de Homère à Nikos Kazantzaids, Dictionnaire amoureux de la Grèce, sans oublier ses traductions de Séféris, Elytis, Ritsos, Taktsis et Vassilikos, poètes et prosateurs grecs contemporains. Dans les années 50 il découvre aussi « une Grèce qui n’a plus rien à voir avec celle de la bourgeoisie, des touristes et des hellénistes », qu’il appellera « la Grèce de l’ombre », celle des rébétika, (auxquels il consacre avec Michel Voikovitch, un ouvrage portant ce titre, en 1999).
Rencontre avec Nicolas Syros, relatée ainsi en 1993 :
« J’ai connu Nicolas Syros il y a plus de quinze ans lors dn premier concert qu’il donna pour les étudiants de l’université de Jussieu. Par la suite, lorsque je conçus le spectacle intitulé « chant profond de la Grèce » donné en 1982 dans une trentaine de villes françaises, je pensai tout naturellement à lui pour assurer la partie musicale du spectacle, composée de rébétika et de chants contemporains, tâche qu’il assuma parfaitement, avec les deux partenaires de son groupe « Rebetiko tsardi ». J’ ai rencontré personnellement cette musique des rebetika il y a maintenant près de quarante ans etj’ai raconté dans mon livre L été grec tous les détails de cette rencontre et de cette longue fréquentation. .Tai entendu en Grèce et en France les principaux instrumentistes qui s’adonnent à cette musique. Je peux dira que de tous Nicolas Syros est celui qui demeure le plus fidèle à l’esprit de cette musique et qui l’interprète d’une façon tout à fait authentique (,..). »
Nicolas Syros
Né à Athènes en 1955, Nicolas Syros est issu d’une famille de musiciens: son père est diplômé de violon classique du conservatoire national d’Athènes; son frère est guitariste et violoniste classique. Deux de ses oncles sont accordéonistes, un autre est guitariste. Très tôt Nicolas-Syros est attiré par le bouzouki, seul instrument traditionnel national grec, avec le baglama. Cet instrument n’étant pas enseigné dans les conservatoires, il fait son apprentissage en autodidacte auprès du célèbre Vassilis Tsitsanis, en 1968. Il rencontre alors les plus célèbres interprètes ou compositeurs de la tradition du rébétiko : Papayoannou, Mitsakis, Kéromitis, Roza Eskenazy, Costas Caflanis, Yoanna Vorqhopoulou, Odysseus Moskonas, Paskalakis, Couli Skarpèlis, Bayadèras, Costas Soukounas et Markos Vamvakaris.
Rébétiko, rébétika…
Bref historique de la fin du XIXème siècle au début des années 60.
Il connaît parallèlement une évolution dans tous ses aspects : du violon et du santour de l’orchestre smyrniote on passe progressivement à l’orchestre du Pirée avec le bouzouki et le baglama, la guitare et [‘accordéon ; des modes turcs on passe à une harmonisation àl’occidentale, et de l’argot et des chansons de même à la critique sociale et politique ; enfin de la prison et des « tekkédès* » on passe aux tavernes et aux boîtes de nuit.
( d’après Georges Kokkonis, musicologue)
* lieu fréquenté par les fumeurs de haschich.
Ce qu’en dit Jacques Lacarrière
(extraits de la présentation de La Grèce de l’onibre, Christian Pirot éditeur, 1999, à l’exception des phrases en italique)
Le rébétiko et son héros :
Qu’est-ce qu’un rébétiko (au pluriel: rébétika)? Un chant, un air, une musique qui furent longtemps en vogue dans le milieu des rébéfès. Ce mot, avec son synonyme mangues signifiait un marginal, un irrégulier, parfois même un irréductible vivant en dehors de la société courante, un être hors du commun, plutôt un insoumis, un rebelle, voire un anarchiste. Méprisé par la « bonne» société qui voyait en lui un dévoyé et surtout un drogué (beaucoup en effet s’adonnaient aux joies et à l’ivresse du haschich) le rébétès fréquentait et vivait au cœur de l’hypocosmos, du sous-monde, des bas-fonds.
Les « rébétès » aujourd’hui :
Maintenant, le personnage ou le héros des rébétika, le nouveau rébétès si je puis dire, est davantage un laissé pour compte, un déshérité, un esseulé, un exploité, parfois aussi un exilé, un ancien émigré, ou ce qu’on nomme aujourd’hui un exclu, au cœur de notre propre société. Création vivante, le rébétiko a toujours été écho, reflet de la société qu’il refuse et en même temps qu’il incarne. Si bien que la silhouette du rébétès est devenue aujourd’hui plus proche de celle du paumé ou du S.D.F, que de celle de l’arsouille ou du drogué des origines.
Les thèmes abordés:
Ils concernent au premier degré le vin, ITierbe, l’ivresse (mostowo), mais aussi et plus souvent encore la solitude, l’ennui, le désespoir, l’exil, la prison, la mort. Et aussi, puisqu’il s’agit de chansons qui sont toujours composées par des hommes, le culte de la mère, toujours appelée monoula, petite mère, la perfidie active et constante des femmes, la détresse de ceux qui sont sans cesse et trompés et trahis.
Au fil du temps des thèmes nouveaux apparaissent : l’espoir d’une issue possible, d’une évasion, d’une solution hors de l’enfer ou simplement du désespoir. Ce milieu, ce décor et ce répertoire n’ont donc pas empêché le rébétiko d’évoluer : Après la guerre, (…) il rencontra d’abord une forte résistance de la part des classes établies, puis son statut changea rapidement. Hadzidakis, célèbre compositeur, l’a revendiqué dès 1949 comme une des sources les plus vivantes et précieuses de la culture musicale grecque moderne.
Le rébétiko est aujourd’hui non une musique purement folklorique mais un des courants forts de la tradition grecque.